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Chez Fifi

On trouve de tout ici, suivant mon humeur. De la création plus ou moins littéraire, de la politique (dans un sens relativement large), de la vie quotidienne, des réminiscences du passé. Parfois c'est tellement long que c'est en plusieurs parties. J'aime le mélange de genres, donc on est en droit de s'attendre à tout. Enfin, c'est à espérer...

La baguette sans la soupe

Publié le 11 Novembre 2011 par Fifi in Le Grand Bazart

Gros mois pour la faucheuse, il y avait quand même quelques stars. Mais allez savoir pourquoi, je suis resté sur ma première idée de début octobre.

 

 

 

Suite à l’arrêt du Grand Bazart, l’ancien lien ne fonctionne plus, voici donc une copie de l’article original.

 

 

La baguette sans la soupe

Publié le 11 nov 2011 , dans : A la une,Le mort du mois

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Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je suis une pauvre larve inculte, et plus précisément une pauvre larve inculte qui ne connaît rien à la musique classique.

Et ce n’est pas que je n’aime pas, c’est juste que ça ne me parle pas. Tout ce qui a été écrit avant 1920 me touche peu, parce que je ne comprends pas. Je sais, c’est idiot, mais c’est comme ça.

Moi, j’ai baigné depuis tout petit dans de la musique de style pop/rock/chanson (pour être large). Et ce manque flagrant d’éducation m’amène à appréhender la musique classique de façon particulièrement inadaptée. Un exemple?

Un exemple. L’autre jour (enfin, bon, ça fait au moins huit ans, mais disons « l’autre jour », pour rendre ça plus actuel), j’écoutais la cinquième symphonie de Beethoven. Et là, tout à coup, à un moment, paf, le solo de guitare électrique qui tue. Je l’ai entendu, je l’ai deviné, je l’ai ressenti, je l’ai attendu. Mais pas de bol, il n’était que dans ma tête. Moi, je trouvais logique qu’il y ait un solo de guitare à ce moment-là, mais allez savoir pourquoi, pas Beethoven. Quel loser, ce Beethoven.

Bref, une symphonie ancienne, souvent, ça manque de guitares électriques.

Et l’inverse, hein? Quoi, l’inverse? Qu’est-ce qu’il me cherche avec son inverse, lui?

Moralité: Il faut décloisonner. Ouais. Décloisonner tout ce bordel. La musique n’a que faire des étiquettes.

Mort291

Décloisonner, donc.

Il y a eu une époque où on voulait décloisonner un max, c’était dans les années 60-70. Ne l’oublions pas, mai 68 c’était surtout ça, et le décloisonnement de la société en fut d’ailleurs la conséquence principale, le seul véritable truc pour lequel il y eut des gros changements.

Mais la musique, c’était plus compliqué. On voulait bien qu’il y ait du jazz, du rock, du contemporain, de la variété, mais il ne s’agissait surtout pas de mélanger. Chacun dans son coin.

En France, quand Léo Ferré a voulu diriger un orchestre, tout le monde lui est tombé dessus. Hors de question. Ouste, mon vieux. Eh oui, « faut laisser faire… les spécialistes ».

Hors de question de mélanger les orchestres « classiques » au rock. Pour faire de la variété, oui, ça, pas de problème, on voulait bien mélanger des instruments « rock » à des instruments « classiques ». Ca, les producteurs étaient d’accord, après tout c’était pour faire de la soupe, donc tout allait bien.

A l’époque, un bon chanteur était un chanteur capable de chanter avec un orchestre. Critère d’un autre âge? Pas sûr.

Mais n’était-il pas possible de faire autre chose que de la variété en mélangeant les styles musicaux?

Mort292

Vers la fin des années 60, un certain nombre de musiciens de la scène rock ou pop ambitieuse ont souhaité commencer à décloisonner. Du folk qui se prend pour du rock, du rock qui se prend pour du jazz, du rock qui se prend pour du classique, du rock qui se mélange avec du contemporain, on avait de tout. Mais il fallait pouvoir avoir le personnel adapté.

Alors il y avait David Bedford.

David Bedford était chef d’orchestre. Et suffisamment avant-gardiste pour pouvoir se mélanger et ne pas craindre la dissonance, mais aussi suffisamment « classique » pour pouvoir produire des oeuvres à potentiel commercial non limité.

Et avec David Bedford, on pouvait enfin utiliser un orchestre autrement. Pas pour faire de la soupe, mais pour créer du relief.

Et nombre de bricoleurs aventuriers se précipitèrent dans la brèche. Robert Wyatt, Mike Oldfield, Roy Harper… Avec plus ou moins de bonheur, mais toujours avec un son inimitable, et une vraie conception originale du mélange des styles.

Personnellement, je reste toujours scotché par les orchestrations de « Me and my woman » de Roy Harper, mais ce n’est qu’un exemple.

Par la suite, David continua à décloisonner. A faire travailler des orchestres avec des enfants chanteurs, éventuellement sourds. De là à penser qu’ils considéraient les musiciens rock comme de grands enfants sourdingues, il n’y a qu’un pas, que je ne franchirai évidemment pas, non mais pour qui me prenez-vous?

En tout cas, merci David.

Mort293

Or, donc, David Bedford est mort le 1er octobre 2011.

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