"Y'a deux testaments
L'ancien et le nouveau-o-o-o-o
Il n'y a qu'une dent
Dans la mâchoire à Jean" (air connu)
1997. Je m'attaque donc tranquillement à la réécriture du "Testament". Dans un premier temps, il me faut identifier les faiblesses, réfléchir à de nouvelles pistes, de nouvelles idées qui
pourraient s'inclure dans la structure de départ. J'ai en effet décidé de garder la structure originale, qui me convient à peu près.
Certaines chansons ne nécessitent que quelques changements mineurs, d'autres sont à remodeler, voire à réécrire complètement. Certaines disparaissent purement et simplement.
Je souhaite aussi ajouter deux chansons déjà écrites, des "reprises" en quelque sorte. Le choix de l'une d'elles est évident, il s'agit de "L'étranger", traduction par Graeme Allwright de la
chanson "Stranger song" de Leonard Cohen. J'aime beaucoup cette chanson, et peut-être plus encore sa version française, encore plus obscure, mais qui semble correspondre tout-à-fait à ma relation
avec Hortense à une époque.
Pour l'autre chanson, c'est moins clair. Je veux une de ces chansons qui m'ont marqué enfant ou adolescent, une de celles qui ont fait que j'étais encore un peu plus complexé qu'avant de
l'entendre, une chanson qui rend misérable, d'une certaine manière, mais pas forcément dans un sens négatif. Idéalement, je veux une chanson de Brel, parce que j'ai beaucoup écouté de Brel quand
j'étais jeune. Après moults débats internes, j'opte pour "L'ivrogne", même si je ne trouve pas le choix parfait.
Tout ceci se fait très lentement, parce que je ne veux rien brusquer. Le processus de maturation est long, très long.
Entretemps, je commence à réfléchir à ce que je pourrai faire après, une fois que le texte sera finalisé. Il faudrait que je l'envoie à des artistes, peut-être, mais à qui?
1999. Je me retrouve à la croisée des chemins. Je dois choisir. J'opte pour l'abandon de la science. Je démissionne de mon poste d'AMN, et pars accompagner ma moitié en déplacement. Cette fois,
je peux officiellement me consacrer à mon travail d'écriture.
Et la réécriture du "Testament" peut enfin vraiment démarrer.
La quasi-totalité de ce travail est faite à Amsterdam, où je séjourne longtemps. J'ai repéré mes endroits de prédilections, particulièrement un bar à bières et un pub irlandais.
Là, je suis inspiré.
Et je commence à être très content de ce que j'obtiens.
Et j'ai en tête un projet pharaonique. Je vais écrire à une vingtaine d'artistes, mais je ne compte pas proposer d'exclusivité. J'espère que deux ou trois artistes seront intéressés, et qu'il
sera possible de monter les projets en parallèle. Je ne veux pas une version musicale du "Testament", mais plusieurs. Je veux de vraies collaborations, qui puissent réellement s'insérer dans les
discographies des artistes.
Evidemment, c'est complètement fou. Il va déjà être difficile de monter une version, non? Oui, mais justement, je pars du principe que oui, ce sera difficile, et donc, justement, autant fermer le
moins de portes possibles au début.
Le projet se termine donc, et j'envoie mes lettres. Il y a même une dizaine d'artistes étrangers dans le lot. Il y aurait alors un travail de traduction à faire, mais après tout, au point où j'en
suis... Je sais que la forme très conceptuelle de mon travail me rapproche plus des créateurs anglo-saxons (en tout cas, ceux que j'écoute) que des français. Je dois donc tenter ma
chance.
Le choix des artistes se fait surtout parmi mes chanteurs préférés, mais pas seulement. Je veux que le texte puisse leur correspondre. Et puis beaucoup de mes chanteurs préférés sont plus auteurs
que compositeurs. Dans ce cas, ça n'a pas forcément de sens, à moins que leur interprétation n'apporte un réel plus.
Je ne joins pas mon texte aux lettres. Je sais que la plupart de mes adresses d'expédition ne sont pas très fiables, et je veux être certain qu'il y ait une réelle motivation en face. Je ne veux
pas perdre de temps dans des impasses.
Et j'obtiens des réponses.