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Chez Fifi

On trouve de tout ici, suivant mon humeur. De la création plus ou moins littéraire, de la politique (dans un sens relativement large), de la vie quotidienne, des réminiscences du passé. Parfois c'est tellement long que c'est en plusieurs parties. J'aime le mélange de genres, donc on est en droit de s'attendre à tout. Enfin, c'est à espérer...

Les gens qui ne doutent pas

Publié le 8 Août 2021 par Fifi in Histoire éparpillée

« Je casse presque tous les objets que je touche
Je devrais tourner 7 fois ma langue dans ma bouche
Avant de parler

Avant de gaffer
Ça m'éviterait les ennuis
Que je crée jour et nuit »
(Christophe Izard, « Hippolyte le gentil », chanté par Hippolyte dans « L’île aux enfants »)

 

J’ai toujours été maladroit.
Cette maladresse m’a vite mené au doute.

Et le doute a longtemps entretenu ma maladresse.

Aujourd’hui, j’ai de très grosses difficultés à me déplacer avec un verre plein. Je fais de tous petits pas, je tremble en tenant mon verre à deux mains, bref, je suis complètement ridicule, quand je ne passe pas pour un alcoolique en manque.
Vous comprendrez que je suis donc incapable de boire correctement dans un pub, à moins de rester au comptoir.

Durant toutes ces années, j’ai donc toujours été très admiratif devant les garçons de café, évidemment, mais pas seulement. Il y a tant d’individus habiles de leurs mains, de leurs jambes, on se demande toujours comment ils ont fait pour en arriver là.

De même, je ne suis pas forcément plus doué dans l’expression de mes sentiments. Là, je fais le malin, à écrire des textes dans un blog confidentiel, mais c’est compliqué d’écrire à une personne, quant à la prise de parole « en vrai », c’est l’horreur. Jadis, j’avais progressé sur la partie écrite, mais j’ai tellement fait de mal sans vraiment le vouloir que finalement, je crois que j’aurais préféré rester le timide maladif que j’avais toujours été.
Avec le temps, je suis devenu tellement méfiant de ce que je dis ou j’écris, que je passe mon temps à m’autocensurer, jusqu’à sortir quelque chose qui ne traduit pas du tout ce que je pense, voire fera encore plus de mal que ce que j’aurais dit « sans filtre ».

Quand j’étais jeune, j’étais toujours impressionné par ceux qui réussissaient à dire ce qu’ils avaient à dire, sans difficulté (au moins apparente), avec beaucoup d’aisance et de fluidité. Il en découlait un charisme incroyable, et, sans grande surprise, ces gens-là avaient une vie affective autrement plus passionnante que la mienne.

Je me suis longtemps demandé quel était le secret de tous ces surhommes à qui rien ne semblait résister.
Et puis un soir, j’ai compris.

C’était un soir de concert, à l'époque où il y avait encore des concerts, j’étais assis et j’attendais le spectacle.
J’observais le déplacement d’un de ces surhommes qui était en train de transporter trois ou quatre verres de bière pour ses amis et lui-même. Et il n’avait que deux bras ! Incroyable.
Il a quand même eu un peu de mal à se frayer un chemin dans sa rangée, mais il est avancé rapidement, sans se retourner, sans le moindre doute.

A un moment, j’ai vu qu’il avait renversé de la bière sur quelqu’un. La victime a moyennement apprécié et l’a fait savoir. Le surhomme a vaguement ralenti, s’est retourné, et a signifié d’un regard que ce n’était pas son problème (et pourtant, il avait perdu de la bière en route !). Puis il a repris son pas rapide et a finalement amené les boissons à bon port.

C’est là que j’ai compris.
En fait, ce ne sont pas des surhommes !
C’est juste des gens qui n’en ont rien à foutre.

Rien à foutre de renverser leur bière.
Rien à foutre des autres, des pauvres crétins qui seront sur leur trajet.

C’est ça, le secret de leur super-pouvoir !

Rien à foutre de se prendre un râteau.
Rien à foutre de ce qu’on pensera de ce qu’ils disent.
Rien à foutre de faire du mal ou pas, ce n’est pas leur problème.

Ils vont tout droit, ils avancent.
Efficaces.

 

 

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